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ROMÉO ET JULIETTE.

JULIETTE.

— Où est ma mère ? Eh bien, elle est à la maison : — où veux-tu qu’elle soit ? Que tu réponds singulièrement ! — Votre bien-aimé parle en gentilhomme loyal, — où est votre mère ?

LA NOURRICE.

Oh ! Notre-Dame du bon Dieu ! — Êtes-vous à ce point brûlante ? Pardine, échauffez-vous encore : — est-ce là votre cataplasme pour mes pauvres os ? — Dorénavant, faites vos messages vous-même !

JULIETTE.

— Que d’embarras !… Voyons, que dit Roméo ?

LA NOURRICE.

— Avez-vous la permission d’aller à confesse aujourd’hui ?

JULIETTE.

Oui.

LA NOURRICE.

— Eh bien, courez de ce pas à la cellule de frère Laurence : — un mari vous y attend pour faire de vous sa femme. — Ah bien ! voilà ce fripon de sang qui vous vient aux joues : — bientôt elles deviendront écarlates à la moindre nouvelle. — Courez à l’église ; moi, je vais d’un autre côté — chercher l’échelle par laquelle votre bien-aimé — doit grimper jusqu’au nid de l’oiseau, dès qu’il fera nuit noire. — C’est moi qui suis la bête de somme, et je m’épuise pour votre plaisir ; — mais, pas plus tard que ce soir, ce sera vous qui porterez le fardeau. — Allons je vais dîner ; courez vite à la cellule.

JULIETTE.

— Vite au bonheur suprême !… Honnête nourrice, adieu.

Elles sortent par des côtés différents.