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ROMÉO ET JULIETTE.

MERCUTIO, saluant la nourrice.

Adieu, l’antique dame, adieu, la dame, la dame, la dame !

Sortent Mercutio et Benvolio.
LA NOURRICE.

Oui, morbleu, adieu ! Dites-moi donc quel est cet impudent fripier qui a débité tant de vilenies ?

ROMÉO.

C’est un gentilhomme, nourrice, qui aime à s’entendre parler, et qui en dit plus en une minute qu’il ne pourrait en écouter en un mois.

LA NOURRICE.

S’il s’avise de rien dire contre moi, je le mettrai à la raison, fût-il vigoureux comme vingt freluquets de son espèce ; et si je ne le puis moi-même, j’en trouverai qui y parviendront. Le polisson ! le malotru ! Je ne suis pas une de ses drôlesses ; je ne suis pas une de ses femelles !

À Pierre.

Et toi aussi, il faut que tu restes coi, et que tu permettes au premier croquant venu d’user de moi à sa guise !

PIERRE.

Je n’ai vu personne user de vous à sa guise ; si je l’avais vu, ma lame aurait bien vite été dehors, je vous le garantis. Je suis aussi prompt qu’un autre à dégainer quand je vois occasion pour une bonne querelle, et que la loi est de mon côté.

LA NOURRICE.

Vive Dieu ! je suis si vexée que j’en tremble de tous mes membres !… Le polisson ! le malotru !… De grâce, monsieur, un mot ! Comme je vous l’ai dit, ma jeune maîtresse m’a chargée d’aller à votre recherche… Ce qu’elle m’a chargée de vous dire, je le garde pour moi…