— Madame, je jure par cette lune sacrée — qui argente toutes ces cimes chargées de fruits !…
— Oh ! ne jure pas par la lune, l’inconstante lune — dont le disque change chaque mois, — de peur que ton amour ne devienne aussi variable !
— Par quoi dois-je jurer ?
Ne jure pas du tout ; — ou, si tu le veux, jure par ton gracieux être (75), — qui est le dieu de mon idolâtrie, — et je te croirai.
Si l’amour profond de mon cœur…
— Ah ! ne jure pas (76) ! Quoique tu fasses ma joie, — je ne puis goûter cette nuit toutes les joies de notre rapprochement ; — il est trop brusque, trop imprévu, trop subit, — trop semblable à l’éclair qui a cessé d’être — avant qu’on ait pu dire : il brille !… Doux ami, bonne nuit ! — Ce bouton d’amour, mûri par l’haleine de l’été, — pourra devenir une belle fleur, à notre prochaine entrevue… — Bonne nuit, bonne nuit ! Puisse le repos, puisse le calme délicieux — qui est dans mon sein, arriver à ton cœur !