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ROMÉO ET JULIETTE.
— qui n’a fait preuve en ceci que d’une respectueuse dévotion. — Les saintes mêmes ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins ; — et cette étreinte est un pieux baiser.
ROMÉO.
— Les saintes n’ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi ?
JULIETTE.
— Oui, pèlerin, des lèvres vouées à la prière.
ROMÉO.
— Oh ! alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. — Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir.
JULIETTE.
— Les saintes restent immobiles, tout en exauçant les prières.
ROMÉO.
— Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l’effet de ma prière.
Il l’embrasse sur la bouche.
— Vos lèvres ont effacé le péché des miennes.
JULIETTE.
— Mes lèvres ont gardé pour elles le péché qu’elles ont pris des vôtres.
ROMÉO.
— Vous avez pris le péché de mes lèvres ? Ô reproche charmant ! — Alors rendez-moi mon péché.
Il l’embrasse encore.
JULIETTE.
Vous avez l’art des baisers.
LA NOURRICE, à Juliette.
— Madame, votre mère voudrait vous dire un mot (63).
Juliette se dirige vers lady Capulet.