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SCÈNE III.
les grâces qu’y a tracées la plume de la beauté ; — examinez ces traits si bien mariés, — et voyez quel charme chacun prête à l’autre ; — si quelque chose reste obscur en cette belle page, — vous le trouverez éclairci sur la marge de ses yeux. — Ce précieux livre d’amour, cet amant jusqu’ici détaché, — pour être parfait, n’a besoin que d’être relié !… — Le poisson brille sous la vague, et c’est la splendeur suprême — pour le beau extérieur de recéler le beau intérieur ; — aux yeux de beaucoup, il n’en est que plus magnifique, le livre — qui d’un fermoir d’or étreint la légende d’or ! — Ainsi, en l’épousant, vous aurez part à tout ce qu’il possède, — sans que vous-même soyez en rien diminuée.
LA NOURRICE.

— Elle, diminuer ! Elle grossira, bien plutôt. Les femmes s’arrondissent auprès des hommes !

LADY CAPULET, à Juliette.

— Bref, dites-moi si vous répondrez à l’amour de Pâris.

JULIETTE.

— Je verrai à l’aimer, s’il suffit de voir pour aimer : — mais mon attention à son égard ne dépassera pas — la portée que lui donneront vos encouragements.

Entre un valet.
LE VALET.

Madame, les invités sont venus, le souper est servi ; on vous appelle ; on demande mademoiselle ; on maudit la nourrice à l’office ; et tout est terminé. Il faut que je m’en aille pour servir ; je vous en conjure, venez vite.

LADY CAPULET.

— Nous te suivons, Juliette, le comte nous attend.