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ROMÉO ET JULIETTE.

Entre le prince, avec sa suite.
LE PRINCE.

— Sujets rebelles, ennemis de la paix ! — profanateurs qui souillez cet acier par un fratricide !… — Est-ce qu’on ne m’entend pas ?… Holà ! vous tous, hommes ou brutes, — qui éteignez la flamme de votre rage pernicieuse — dans les flots de pourpre échappés de vos veines, — sous peine de torture, obéissez ! Que vos mains sanglantes — jettent à terre ces épées trempées dans le crime, — et écoutez la sentence de votre prince irrité !

Tous les combattants s’arrêtent.

— Trois querelles civiles, nées d’une parole en l’air, ont déjà troublé le repos de nos rues, — par ta faute, vieux Capulet, et par la tienne, Montague ; — trois fois les anciens de Vérone, — dépouillant le vêtement grave qui leur sied, — ont dû saisir de leurs vieilles mains leurs vieilles pertuisanes, — gangrenées par la rouille, pour séparer vos haines gangrenées. — Si jamais vous troublez encore nos rues, — votre vie payera le dommage fait à la paix. — Pour cette fois, que tous se retirent. — Vous, Capulet, venez avec moi ; — et vous, Montague, vous vous rendrez cette après-midi, — pour connaître notre décision ultérieure sur cette affaire, — au vieux château de Villafranca, siége ordinaire de notre justice. — Encore une fois, sous peine de mort, que tous se séparent (39) !

Tous sortent, excepté Montague, lady Montague et Benvolio.
MONTAGUE.

— Qui donc a réveillé cette ancienne querelle ? — Parlez, neveu, étiez-vous là quand les choses ont commencé ?

BENVOLIO.

— Les gens de votre adversaire et les vôtres se bat-