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SCÈNE XXXIII.

Rentre Antoine.
ANTOINE.

Tout est perdu ; — cette noire Égyptienne m’a trahi ; (27) — ma flotte s’est rendue à l’ennemi ; et les voilà là-bas — qui jettent leurs bonnets en l’air et qui boivent tous ensemble — comme des amis longtemps éloignés… Triple prostituée ! c’est toi — qui m’as vendu à ce novice, et mon cœur — ne fait plus la guerre qu’à toi seul…

À Scarus.

Dis-leur à tous de fuir, — car, dès que je serai vengé de ma charmeresse, — j’aurai fini… Dis-leur à tous de fuir, va !

Sort Scarus.

— Ô soleil, je ne verrai plus ton lever ! — La Fortune et Antoine se séparent ici ; c’est ici — que nous nous serrons la main… Que tout en soit venu là ! Les cœurs — qui rampaient à mes talons et dont je comblais — les désirs, fondent et distillent leur baume — sur le florissant César ; et le cèdre reste dépouillé, — qui les ombrageait tous. Je suis trahi ! — O âme noire d’Égypte ! sinistre charmeresse — dont un regard m’envoyait à la guerre ou me rappelait au foyer, — dont le sein était ma couronne et mon but suprême ! — Véritable gipsy, elle m’a, par ses impostures, — entraîné au cœur de la ruine. — Holà, Éros ! Éros !

Entre Cléopâtre.
ANTOINE.

Ah ! enchanteresse ! arrière !

CLÉOPÂTRE.

— Pourquoi mon seigneur est-il furieux contre sa bien-aimée ?