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ANTOINE ET CLÉOPATRE.
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— comme le condamné qui, la corde au cou, remercie le bourreau — de sa dextérité !…
Thyréus revient avec les serviteurs.
ANTOINE.

Est-il fouetté ?

PREMIER SERVITEUR.

— Solidement, monseigneur.

ANTOINE.

A-t-il crié ! a-t-il imploré son pardon ?

PREMIER SERVITEUR.

— Il a demandé grâce.

ANTOINE, à Thyréus.

— Si ton père vit encore, il regrettera — que tu ne sois pas né fille ; et toi, tu te repentiras — d’avoir suivi César dans son triomphe, puisque — tu as été fouetté pour l’avoir suivi : désormais, — que la blanche main d’une femme te donne la fièvre ; — tremble, rien qu’à la voir… Retourne vers César, — raconte-lui ta réception ; songe à lui dire — qu’il m’irrite, pour autant qu’il fait trop — du superbe et m’a en mépris. En rabâchant sur ce que je suis, — il oublie ce que je fus. Il m’irrite, — au moment même où je suis si facile à aigrir, — lorsque les astres propices, qui jusqu’ici ont été mes guides, — se sont échappés de leurs orbites, et ont lancé leurs feux — dans les abîmes de l’enfer ! S’il trouve mauvais — ce que je dis et ce que j’ai fait, mande-lui qu’il a — par-devers lui Hipparque, mon affranchi, et qu’il — peut à plaisir le fouetter, le pendre ou le torturer, — afin que nous soyons égaux. Insiste pour cela toi-même, — et va-t’en avec tes marques sur le dos. (23)

Sort Thyréus.
CLÉOPÂTRE.

— Avez-vous fini ?