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SCÈNE X.
de foudre… — Que l’Égypte s’effondre dans le Nil ! et que toutes les créatures bienfaisantes — se changent en serpents ! Rappelez cet esclave ; — toute furieuse que je suis, je ne le mordrai pas… Rappelez-le.
Quelqu’un sort.
CHARMION.

— Il a peur de revenir.

CLÉOPÂTRE.

Je ne lui ferai pas de mal ; — ces mains perdent leur noblesse en frappant — un plus petit que moi, alors que seule — je me suis mise en cet état.

Rentre le messager.
CLÉOPÂTRE.

Approchez, monsieur ! — Il peut être honnête, mais il n’est jamais bon — d’apporter une mauvaise nouvelle. Donnez à un gracieux message — une légion de langues ; mais laissez les mauvaises nouvelles s’annoncer — elles-mêmes par le coup qui nous frappe.

LE MESSAGER.

J’ai fait mon devoir.

CLÉOPÂTRE.

Est-il marié ? — Je te haïrai de ma pire haine, — si tu dis encore oui.

LE MESSAGER.

Il est marié, madame.

CLÉOPÂTRE.

— Que les dieux te confondent ! Tu persistes donc toujours ?

LE MESSAGER.

— Faut-il que je mente, madame ?

CLÉOPÂTRE.

Oh ! je voudrais que tu mentisses — quand la moitié