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SCÈNE IV.
pourtant Antoine — n’a plus aucune excuse, quand c’est nous qui portons — l’énorme poids de ses légèretés. S’il se bornait — à remplir ses loisirs de ses voluptés, — je laisserais l’indigestion et le rachitisme — lui en demander compte ; mais perdre ainsi les heures en fêtes, — quand il entend le tambour du temps qui le rappelle aussi fort — que son intérêt et le nôtre, c’est mériter d’être grondé, — comme ces garçons qui, déjà mûris par la science, — sacrifient leur éducation à leurs plaisirs présents — et se révoltent contre la raison.
Entre un messager.
LÉPIDE.

Voici encore des nouvelles.

LE MESSAGER.

— Tes ordres ont été exécutés ; et d’heure en heure, — très-noble César, tu seras instruit — de ce qui se passe. Pompée est fort sur mer ; — et il semble qu’il soit adoré de tous ceux — que la crainte seule attachait à César. Vers les ports — il voit affluer les mécontents, et la rumeur publique — le présente comme une victime.

CÉSAR.

J’aurais dû le prévoir. — L’histoire, dès les temps primitifs, nous apprend — que celui qui est au pouvoir n’a été désiré que jusqu’à ce qu’il y fût, — et que l’homme déchu, non aimé tant qu’il méritait vraiment de l’être, — devient cher au peuple dès qu’il lui manque. Cette multitude — est comme un roseau errant sur les flots — qui va et vient au gré du courant capricieux — et qui se pourrit par son mouvement même.

Entre un deuxième messager.
LE MESSAGER.

César, je t’apporte une nouvelle : — Ménécrate et Mé-