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SCÈNE I.
nomma Posthumus Léonatus, — l’éleva, le fit de sa chambre, — et lui donna toute l’instruction que son âge — lui permit de recevoir. Posthumus aspirait — la science comme l’air, aussitôt qu’elle se présentait : — dès son printemps il fit moisson. Il vécut à la cour — fort vanté et fort aimé (chose rare) ; — modèle pour les plus jeunes, il était pour les hommes mûrs — un miroir où ils se rajustaient, et pour les plus vénérables — un enfant gâté qui les menait tous. Quant à sa maîtresse, — celle pour qui il est aujourd’hui banni, elle proclame — par sa valeur même quelle estime elle avait de lui et de ses vertus : — tous peuvent lire nettement dans son choix — quel homme est Posthumus.
DEUXIÈME GENTILHOMME.

Je l’honore — rien que sur votre récit. Mais, dites-moi, je vous prie, — la princesse est-elle l’unique enfant du roi ?

PREMIER GENTILHOMME.

Son unique enfant. — Pourtant, si cela vous intéresse, sachez que le roi avait deux fils qui ont été volés — en nourrice, l’un à l’âge de trois ans, — et l’autre au maillot : jusqu’à cette heure, nul soupçon, nul indice — de ce qu’ils sont devenus.

DEUXIÈME GENTILHOMME.

Combien y a-t-il de cela ?

PREMIER GENTILHOMME.

— Quelque vingt années.

DEUXIÈME GENTILHOMME.

— Se peut-il que les enfants d’un roi aient été ainsi enlevés ! — si étourdiment gardés ! et que les recherches aient été lentes au point — de ne pas retrouver leur trace ?

PREMIER GENTILHOMME.

Quelque étrange que cela soit, — quelque ridicule que