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SCÈNE XV.
maris le sachent ! — leurs femmes ont des sens comme eux ; elles voient, elles sentent, — elles ont un palais pour le doux comme pour l’aigre, — ainsi que les maris. Qu’est-ce donc qui les fait agir — quand ils nous changent pour d’autres ? Est-ce le plaisir ? je le crois. Est-ce l’entraînement de la passion ? — je le crois aussi. Est-ce l’erreur de la faiblesse ? — oui encore. Eh bien, n’avons-nous pas des passions, — des goûts de plaisir et des faiblesses tout comme les hommes ? — Alors qu’ils nous traitent bien ! Autrement, qu’ils sachent — que leurs torts envers nous autorisent nos torts envers eux !
DESDÉMONA.
— Bonne nuit, bonne nuit. Que le ciel m’inspire l’habitude, — non de tirer le mal du mal, mais de faire servir le mal au mieux !
Elles sortent.
SCÈNE XV.
[Une rue aux abords de la maison de Bianca. Il fait nuit noire.]
Entrent Iago et Roderigo.
IAGO.
— Ici ! tiens-toi derrière ce pan de mur, il va venir à l’instant. — Porte ta bonne rapière nue et frappe au but. — Vite ! Vite ! Ne crains rien. Je serai à ton coude. — Ceci nous sauve ou nous perd. Pense à cela, — et fixe très-fermement ta résolution.
RODERIGO.
— Tiens-toi à portée ; je puis manquer le coup.
IAGO.
— Ici-même, à ta portée… Hardi ! et à ton poste !
Il se retire à une petite distance.