Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
SCÈNE VI.
à nos affaires… Pardonnez-nous nos péchés !… Messieurs, veillons à notre service !… N’allez pas, Messieurs, croire que je suis ivre ! Voici mon enseigne, voici ma main droite et voici ma gauche… Je ne suis pas ivre en ce moment : je puis me tenir assez bien et je parle assez bien.
TOUS.

Excessivement bien.

CASSIO.

Donc, c’est très bien : vous ne devez pas croire que je suis ivre.

Il sort, en chancelant.
MONTANO.

À la plate-forme, mes maîtres ! Allons relever le poste.

IAGO, à Montano.

— Vous voyez ce garçon qui vient de sortir : — c’est un soldat digne d’être aux côtés de César — et fait pour commander. Eh bien, voyez son vice : — il fait avec sa vertu un équinoxe exact ; — l’un est égal à l’autre. C’est dommage. — J’ai bien peur, vu la confiance qu’Othello met en lui, qu’un jour — quelque accès de son infirmité — ne bouleverse cette île.

MONTANO.

Mais est-il souvent ainsi ?

IAGO.

— C’est pour lui le prologue continuel du sommeil ; — il resterait sans dormir deux fois douze heures, — si l’ivresse ne le berçait pas.

MONTANO.

Il serait bon — que le général fût prévenu de cela. — Peut-être ne s’en aperçoit-il pas ; peut-être sa bonne nature, — à force d’estimer le mérite qui apparaît en Cassio, — ne voit-elle pas ses défauts. N’ai-je pas raison ?