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SCÈNE II.
monde, comme un adepte — des arts prohibés et hors la loi.
À ses gardes.

Emparez-vous de lui ; s’il résiste, — maîtrisez-le à ses risques et périls.

OTHELLO.

Retenez vos bras, — vous, mes partisans, et vous, les autres ! — Si ma réplique devait être à coups d’épée, je me la serais rappelée — sans souffleur.

À Brabantio.

Où voulez-vous que j’aille — pour répondre à votre accusation ?

BRABANTIO.

En prison ! Jusqu’à l’heure rigoureuse — où la loi, dans le cours de sa session régulière, — t’appellera à répondre.

OTHELLO.

Et, si je vous obéis, — comment pourrai-je satisfaire le doge, — dont les messagers, ici rangés à mes côtés, — doivent, pour quelque affaire d’État pressante, — me conduire jusqu’à lui ?

UN OFFICIER, à Brabantio.

C’est vrai, très-digne signor, — le doge est en conseil, et votre excellence elle-même — a été convoquée, j’en suis sûr.

BRABANTIO.

Comment ! le doge en conseil ! — à cette heure de la nuit !… Emmenez-le. — Ma cause n’est point frivole : le doge lui-même — et tous mes frères du Sénat — ne peuvent prendre ceci que comme un affront personnel. — Car, si de telles actions peuvent avoir un libre cours, — des serfs et des païens seront bientôt nos gouvernants !

Ils s’en vont.