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SCÈNE I.
Appelez tous mes gens !… — Cette aventure n’est pas en désaccord avec mon rêve ; — la croyance à sa réalité m’oppresse déjà. — De la lumière, dis-je ! de la lumière !
Il se retire de la fenêtre.
IAGO, à Roderigo.

— Adieu. Il faut que je vous quitte. — Il ne me paraît ni opportun, ni sain, dans mon emploi, — d’être assigné, comme je le serais — en restant, pour déposer contre le More ; car, je le sais bien, — quoique ceci puisse lui attirer quelque cuisante mercuriale, — l’État ne peut pas se défaire de lui sans danger. Il est engagé, — par des raisons si impérieuses, dans la guerre de Chypre — qui se poursuit maintenant, que, s’agit-il du salut de leurs âmes, — nos hommes d’État n’en trouveraient pas un autre à sa taille — pour mener leurs affaires. En conséquence, — bien que je le haïsse à l’égal des peines de l’enfer — je dois, pour les nécessités du moment, — arborer les couleurs, l’enseigne de l’affection, — pure enseigne, en effet !… Afin de le découvrir sûrement, — dirigez les recherches vers le Sagittaire (19). — Je serai là avec lui. Adieu donc !

Il s’en va.
Brabantio arrive suivi de gens portant des torches.
BRABANTIO.

— Le mal n’est que trop vrai : elle est partie ! — Et ce qui me reste d’une vie méprisable — n’est plus qu’amertume… Maintenant, Roderigo, — où l’as-tu vue ?… Oh ! malheureuse fille ! — Avec le More, dis-tu ?… Qui voudrait être père, à présent ? — Comment l’as-tu reconnue ?… Oh ! elle m’a trompée — incroyablement !… Que t’a-t-elle dit, à toi !… D’autres flambeaux ! — Qu’on réveille tous mes parents !… Sont-ils mariés, crois-tu ?