Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
SCÈNE XXVII.
gens de bien ! Posthumus, assis gravement, — nous écoutait vanter nos amoureuses d’Italie. — À nous en croire, leur beauté rendait stérile l’éloge ampoulé — du plus éloquent parleur ; leurs traits estropiaient — l’idole de Vénus et la svelte statue de Minerve, — ces modèles inaccessibles à la chétive nature ; leur personne — était un atelier de toutes les qualités qui — font aimer la femme par l’homme ; enfin, séduction irrésistible, — leur éclat qui frappait les regards…
CYMBELINE.

Je suis sur un brasier. — Arrive au fait.

IACHIMO.

J’y viendrai toujours trop tôt, — à moins que tu ne veuilles souffrir bien vite… Posthumus, — comme il convenait à un noble amant ayant une — amoureuse royale, releva l’insinuation ; — et, sans déprécier celles que nous venions de louer, avec — tout le calme de la sincérité, il nous fit — le portrait de sa maîtresse. Auprès de son langage — si mesuré, nos éloges — parurent des hâbleries dites sur des filles de cuisine ; sa description — nous confondit comme des sots mal embouchés.

CYMBELINE.

Allons, allons, au fait !

IACHIMO.

— La chasteté de votre fille… M’y voici !… — Posthumus en parla comme si, à côté de cette froideur unique, — les rêves de Diane étaient brûlants ! Sur quoi, misérable que je suis, — je révoquai ses éloges en doute, et, pariant — des pièces d’or contre cette bague qu’il portait alors — à son doigt honoré, je gageai que j’obtiendrais — par faveur sa place dans le lit nuptial — et que je gagnerais son anneau — par l’adultère d’Imogène et le mien. Lui, en digne chevalier, — ayant dans sa vertu toute la foi — que j’ai acquise par expérience, n’hésite