Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
CYMBELINE.
sance à vos risques et périls. Comment vous réussirez au bout de votre voyage, je crois que vous ne reviendrez jamais le dire à personne.
POSTHUMUS.

Je te le déclare, l’ami, tout le monde a des yeux pour se diriger dans la route que je vais prendre, hormis ceux qui les ferment et ne veulent pas s’en servir.

LE GEÔLIER.

Quelle immense plaisanterie ! Est-ce qu’un homme peut avoir l’usage de ses yeux pour voir la route qui l’aveugle ! Je suis bien sûr que la pendaison est le chemin de la cécité.

Entre un Messager.
LE MESSAGER, au geôlier.

Ôtez-lui ses menottes et amenez votre prisonnier devant le roi.

POSTHUMUS.

Tu apportes de bonnes nouvelles… On m’appelle pour me rendre libre.

LE GEÔLIER.

Si cela est, je veux bien être pendu.

POSTHUMUS.

Tu seras plus libre alors qu’un geôlier, pas de verrou pour les morts.

Il sort avec le messager.
LE GEÔLIER.

À moins de trouver un homme qui veuille épouser la potence et procréer de petits gibets, je n’ai jamais vu condamné si empressé. Oui, ma foi, tout Romain qu’il est, il y a des gueux plus fieffés que lui qui désirent vivre ; il y en a aussi qui meurent contre leur gré ; je serais ainsi si j’étais du nombre. Je voudrais que nous