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SCÈNE XXV.

SCÈNE XXV.
[Une autre partie du champ de bataille.]
Arrivent Posthumus et un Seigneur breton.
LE SEIGNEUR.

— Venez-vous de l’endroit où l’on a fait résistance ?

POSTHUMUS.

Oui ; — mais vous, vous venez, ce me semble, de celui où l’on fuyait ?

LE SEIGNEUR.

Oui.

POSTHUMUS.

— Vous n’êtes pas à blâmer, monsieur ; car tout était perdu, — si le ciel n’avait pas combattu pour nous. Le roi lui-même — était coupé de ses deux ailes, l’armée rompue, — et des Bretons l’on ne voyait plus que les dos, tous fuyant — à travers un étroit défilé. L’ennemi plein d’ardeur, — tout essoufflé de carnage, avait plus d’ouvrage — que de bras. Les uns étaient frappés — mortellement, d’autres légèrement touchés, d’autres renversés — uniquement par la frayeur : si bien que l’étroit passage était encombré — de morts, tous frappés par derrière, ou de lâches, vivant encore — pour la mort lente du déshonneur.

LE SEIGNEUR.

Où donc était ce défilé ?

POSTHUMUS.

— Tout près du champ de bataille : une vraie tranchée avec parapet de gazon. — Un vieux soldat en a pris avantage, — un honnête homme, celui-là, je vous le garantis, et qui a bien mérité — la longue dépense qu’a coûté sa