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SCÈNE XX.
mait, et j’ai ôté — de mes pieds les souliers ferrés dont la rudesse — répliquait trop haut à mes pas.
GUIDÉRIUS.

Il n’est qu’endormi, en effet. — S’il nous a quittés, c’est afin d’avoir dans le tombeau un lit — où les fées viendront le visiter — sans que les vers osent s’approcher de lui.

ARVIRAGUS.

C’est avec les plus belles fleurs — que, tant que durera l’été et que je vivrai ici, je veux, Fidèle, — embaumer ta triste tombe. Je ne manquerai pas de t’apporter — la fleur qui est pareille à ton visage, la pâle primevère, et — la clochette azurée comme tes veines, et — la feuille de l’églantier qui, sans médisance, — est moins parfumée que ton haleine : à mon défaut, le rouge-gorge (9), — dans son bec charitable (ô petit bec, comme tu fais honte — à ces riches héritiers qui laissent leur père couché — sans monument !) t’apporterait tout cela. — Oui, et quand il n’y a plus de fleurs, il mettrait sur ton corps une fourrure de mousse — comme vêtement d’hiver.

GUIDÉRIUS.

Assez, de grâce ; — ne joue pas, par ces propos de fillette, avec ce — qui est sérieux. Allons l’ensevelir, — et ne laissons pas différer par l’extase — l’acquittement d’une dette… Au tombeau !

ARVIRAGUS.

Où donc le déposerons-nous ?

GUIDÉRIUS.

— À côté de notre bonne mère, Euriphile.

ARVIRAGUS.

Oui, faisons cela, — Polydore, et, quoique nos voix aient maintenant — un timbre plus mâle, berçons-le pour la fosse, — comme jadis notre mère : chantons le