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CYMBELINE.

PHILARIO.

Quels moyens avez-vous de fléchir le roi ?

POSTHUMUS.

— Aucun. Je suis réduit à tout attendre du temps ; — je grelotte durant l’hiver actuel, en souhaitant — que des jours plus chauds viennent pour moi. C’est sur ces espérances transies — que je compte pour m’acquitter envers votre amitié : si elles sont déçues, — il faudra que je meure votre débiteur.

PHILARIO.

— Votre bonne grâce et votre compagnie — me payent avec usure de tout ce que je puis faire. En ce moment, votre roi — doit avoir eu des nouvelles du grand Auguste : Caïus Lucius — accomplira de point en point sa mission. Je crois que Cymbeline — concédera le tribut et enverra les arrérages ; — sinon, qu’il s’attende à revoir nos Romains, dont le souvenir — est encore frais dans la douleur de son peuple !

POSTHUMUS.

Eh bien, moi, — sans être homme d’État et sans avoir chance de l’être, — je pense que cela finira par une guerre : vous entendrez dire — que les légions qui sont maintenant en Gaule ont débarqué — dans notre intrépide Bretagne avant d’apprendre — que le moindre tribut ait été payé. Mes compatriotes — sont mieux exercés qu’à l’époque où Jules César — souriait de leur inexpérience, tout en trouvant leur courage — digne d’un pli à son front. Leur discipline, — maintenant alliée à leur courage, prouvera — aux provocateurs que le peuple breton — peut progresser avec le monde !

Entre Iachimo.
PHILARIO.

Voyez donc ! Iachimo !