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SCÈNE VI.
moquer du Français… N’importe, le ciel sait — qu’il y a des hommes bien blâmables.
IMOGÈNE.

Ce n’est pas lui, j’espère.

IACHIMO.

— Ce n’est pas lui. Pourtant il pourrait se montrer plus reconnaissant — des bontés du ciel à son égard. Bien doué personnellement, — il a reçu en vous, que je regarde comme son bien, un don inestimable… — Mais, tout en étant forcé à l’admiration, je suis forcé aussi — à la pitié.

IMOGÈNE.

À la pitié pour qui ?

IACHIMO.

Pour deux créatures que je plains cordialement.

IMOGÈNE.

En suis-je une, monsieur ? — Vous me regardez ! Quel désastre discernez-vous en moi — qui mérite votre pitié ?

IACHIMO.

Lamentable ! — Quoi, déserter le rayonnant soleil, et se plaire — dans un bouge auprès d’un lumignon !

IMOGÈNE.

Je vous en prie, monsieur, — énoncez plus clairement vos réponses — à mes questions. Pourquoi me plaignez-vous ?

IACHIMO.

— Parce que d’autres, — j’allais vous le dire, jouissent de votre… Mais — c’est l’affaire des dieux d’en tirer vengeance, — et non la mienne d’en parler.

IMOGÈNE.

Vous paraissez savoir — quelque chose qui me concerne. Parlez, de grâce ! — La crainte d’une catastrophe est souvent plus douloureuse — que sa révélation : car,