— Maintenant, maître docteur, avez-vous apporté ces drogues ?
— Oui, selon le bon plaisir de votre altesse : les voici, madame.
— Mais je supplie votre grâce de ne pas s’offenser d’une question — que ma conscience m’enjoint de faire : pourquoi m’avez-vous — commandé ces philtres empoisonnés — qui causent une mort languissante — et tuent lentement, mais à coup sûr ?
Je m’étonne, docteur, — que tu me fasses pareille demande : ne suis-je pas — ton élève depuis longtemps ? ne m’as tu pas appris — à composer des parfums, à distiller, à confire ? Et si bien — que notre grand roi lui-même me fait souvent la cour — pour mes conserves. Étant à ce point avancée, — si tu ne me crois pas diabolique, ne trouves-tu pas juste — que j’agrandisse mon savoir par — d’autres expériences ? Je veux essayer la force — de tes compositions sur des êtres — qui ne nous semblent même pas digne de la corde, mais non sur une créature humaine. — C’est ainsi que j’en éprouverai l’énergie ; j’opposerai — des dissolvants à leur action, et j’analyserai par là — leurs vertus diverses et leurs effets.
Votre altesse — ne fera que s’endurcir le cœur par de telles expériences ; — et puis l’examen de ces effets ne pourra pas se faire — sans danger ni dégoût.
Oh ! sois tranquille !