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SCÈNE IV.
fait. Mais c’est moins contre sa réputation que contre votre confiance que le pari est fait ; et, pour que vous n’en preniez pas offense, j’offre de tenter l’épreuve sur n’importe quelle femme au monde.
POSTHUMUS.

Vous vous abusez grandement dans cette audacieuse conviction ; et je ne doute pas que vous n’obteniez le résultat mérité par votre tentative.

IACHIMO.

Lequel ?

POSTHUMUS.

Un échec : pourtant cette tentative, comme vous l’appelez, mériterait quelque chose de plus, un châtiment.

PHILARIO.

Messieurs, en voilà assez. Cette discussion est venue trop brusquement : qu’elle meure comme elle est née, et, je vous conjure, faites meilleure connaissance.

IACHIMO.

J’aurais volontiers engagé mes domaines et ceux de mon voisin, en garantie de ce que j’ai dit.

POSTHUMUS.

Quelle femme choisiriez-vous pour cette épreuve ?

IACHIMO.

La vôtre, que vous croyez si ferme dans sa fidélité. Recommandez-moi à la cour où est votre dame, et je vous parie dix mille ducats contre votre anneau que, sans autre avantage que l’occasion d’un double entretien, je lui ravirai cet honneur que vous vous imaginez si bien gardé.

POSTHUMUS.

Je gagerai de l’or contre de l’or ; mais pour ma bague, j’y tiens autant qu’à mon doigt ; elle en fait partie.

IACHIMO.

Vous êtes amant et cela vous rend prudent. Eussiez-