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SCÈNE IV.

THERSITE.

Mais, non, vous ne le regardez pas bien ; car, pour quoi que vous le preniez, c’est Ajax.

ACHILLE.

Je le sais bien, imbécile.

THERSITE.

D’accord, mais l’imbécile ne se reconnaît pas pour tel.

AJAX.

Voilà pourquoi je te bats.

THERSITE.

Là ! là ! là ! là ! quels pauvres traits d’esprit il lance ! Comme ses échappatoires ont les oreilles longues ! J’ai râclé son cerveau plus fort qu’il n’a cogné mes os. J’achèterais neuf moineaux pour un denier ; eh bien, sa pie-mère ne vaut pas la neuvième partie d’un moineau. Ce seigneur, Achille, cet Ajax qui porte son esprit dans son ventre et ses boyaux dans sa tête, je vais vous dire ce que je pense de lui.

ACHILLE.

Quoi ?

THERSITE.

Je dis que cet Ajax…

Ajax va pour le frapper. Achille s’interpose.
ACHILLE.

Voyons, mon bon Ajax !

THERSITE.

N’a pas autant d’esprit…

ACHILLE, retenant Ajax.

Vraiment, il faut que je vous tienne.

THERSITE.

Qu’il en faudrait pour boucher le trou de l’aiguille de cette Hélène pour qui il est venu combattre.