Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
TROYLUS ET CRESSIDA.
l’ait été ou prétende l’être, — il ira trouver Hector ! À défaut d’autre, je serai celui-là.
NESTOR.

— Parle-lui aussi de Nestor, d’un compagnon qui était déjà homme — quand l’aïeul d’Hector tétait. Il est vieux maintenant ; — mais, si dans notre race grecque il ne se trouve pas — un seul noble qui ait une étincelle de courage — et qui fasse hommeur à ses amours, dis-lui de ma part — que je cacherai ma barbe d’argent dans un casque d’or, — que je mettrai dans mon brassard ce poignet desséché, — et que j’irai lui déclarer en face que ma dame — était plus belle que sa grand’mère, et aussi chaste — que femme au monde. Voilà la vérité — que je prouverai avec mes trois gouttes de sang à sa jeunesse hémorragique.

ÉNÉE.

— Les cieux vous préservent de cette disette de jeunes gens ! —

ULYSSE.

Amen !

AGAMEMNON.

Beau sire Énée, laissez-moi toucher votre main ; je vous conduirai de ce pas à notre tente. — Votre message sera transmis à Achille, — et, de tente en tente, à tous les seigneurs de Grèce. — Vous-même serez notre convive avant de partir, — et vous trouverez chez nous la bienvenue due à un noble ennemi.

Tous s’éloignent, excepté Ulysse et Nestor.
ULYSSE.

Nestor !

NESTOR.

Que dit Ulysse ?

ULYSSE.

— J’ai une idée en germe dans mon cerveau ; — remplacez pour moi le temps et donnez-lui forme. —