Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
SCÈNE II.

PANDARUS.

Lui-même ! Hélas ! pauvre Troylus ! je voudrais qu’il le fût.

CRESSIDA.

Il l’est.

PANDARUS.

J’irais pieds nus dans l’Inde, à condition qu’il le fût.

CRESSIDA.

Il n’est pas Hector.

PANDARUS.

Lui-même ! non, il n’est pas lui-même… Plût au ciel qu’il fût lui-même ! Au surplus, les dieux sont là-haut. Il faut que le temps concilie ou résilie. Patience, Troylus, patience… Je voudrais que mon cœur fût dans le cœur de Cressida… Non, Hector ne vaut pas mieux que Troylus.

CRESSIDA.

Excusez-moi.

PANDARUS.

Il est plus âgé.

CRESSIDA.

Pardonnez-moi, pardonnez-moi.

PANDARUS.

L’autre n’a pas encore son âge ; vous m’en direz des nouvelles quand l’autre aura son âge. Ce n’est pas encore cette année qu’Hector aura l’esprit de Troylus.

CRESSIDA.

Il n’en aura pas besoin, s’il a le sien.

PANDARUS.

Ni ses qualités.

CRESSIDA.

Qu’importe ?

PANDARUS.

Ni sa beauté.