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APPENDICE.


CINQUANTE-SIXIÈME HISTOIRE TRAGIQUE

Traduite de Bandello par Belleforest.
[Extraits.]
Timbrée de Cardone devient amoureux, à Messine, de Fénicie Lionati : et des divers et étranges accidents qui advinrent avant qu’il l’épousât.

Les Chroniques, tant de France et d’Espagne, que de Naples et Sicile, sont assez pleines de cette mémorable et cruelle boucherie de Français qui fut faite en Sicile, en l’an de Notre-Seigneur 1283. Auteur d’une telle conjuration, un nommé Jean Prochite qui était instigué à ce faire par le roi Pierre d’Aragon[1] qui ne tendait qu’à la jouissance de cette île. Dès aussitôt que ce roi inhumain eut ouï les succès du conseil qu’il avait donné et sut que le nom français était exterminé dans l’île, ne faillit de dresser soudainement une armée pour se faire seigneur d’icelle ; et après la victoire remportée à Panorme sur Charles, comte d’Anjou, il se retira à Messine, et y mit le siége de son royaume.

Entre une grande troupe de seigneurs de la suite royale, en y avait un estimé fort vaillant de sa personne et qui avait fait preuve de sa gaillardise, en toutes les guerres contre les Français, et ailleurs, et pour ce fort aimé et caressé du prince, et s’appelait ce gentilhomme Timbrée de Cardonne[2] duquel pour la plus part cette histoire est bâtie, et pour raison de l’amour qu’il porta à une fille messinoise, le père de laquelle avait à nom Lionato de Lionati[3] gentilhomme de maison ancienne

  1. Don Pedro, dans Beaucoup de bruit pour rien.
  2. Claudio.
  3. Léonato.