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SCÈNE XIV.
avec un baiser, et vous salir la bouche — d’huile de peinture. Tirerai-je le rideau ?
LÉONTE.

— Non, pas avant vingt ans !

PERDITA.

Moi, je pourrais tout ce temps-là — rester spectatrice.

PAULINE.

Arrêtez-vous là, — quittez immédiatement la chapelle, ou bien préparez-vous — à de nouvelles surprises : si vous avez la force de regarder, — je ferai mouvoir la statue, je la ferai descendre — pour vous prendre la main ; mais alors vous aurez cette pensée, — contre laquelle je proteste, que je suis assistée — par les puissances du mal.

LÉONTE.

Tout ce que vous pourrez lui faire faire, — je serai heureux de le voir ; tout ce que vous pourrez lui faire dire, — je serai heureux de l’entendre ; car il vous est aussi facile de la faire parler que remuer.

PAULINE.

Il est nécessaire — que vous appeliez à vous toute votre foi. Restez donc tous immobiles ; — ou que ceux, pour qui ce que je vais accomplir, est une œuvre illicite, se retirent !

LÉONTE.

Faites ! — pas un pied ne bougera.

PAULINE.

Musique, éveillez-la ! jouez !…

On entend une musique.

— Il est temps !… Descendez !… Cessez d’être pierre !… Approchez ! — Frappez tous ceux qui vous regardent de stupéfaction !… Allons, — je vais combler votre tombe… Remuez ; oui, avancez ! — Léguez à la mort votre immobilité ; — la chère vie vous délivre d’elle…