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SCÈNE XIII.
ment par ses yeux, n’aurait pas pu dire si leur émotion était joie ou douleur ; à coup sûr, c’était l’excès de l’une ou de l’autre.
Entre un second gentilhomme.

Voici un gentilhomme qui peut-être en sait davantage. Quelles nouvelles, Rogero ?

SECOND GENTILHOMME.

Partout des feux de joie ! L’oracle est accompli ! la fille du roi est retrouvée ! Tant de prodiges ont éclaté depuis une heure, que les faiseurs de ballades ne pourront jamais les raconter…

Entre un troisième gentilhomme.

Voici l’intendant de madame Pauline ; il peut vous en dire davantage… Comment vont les choses, monsieur ? Cette nouvelle qu’on dit vraie ressemble tant à un vieux conte que la vérité en est fort suspecte. Est-ce que le roi a retrouvé son héritière ?

TROISIÈME GENTILHOMME.

Rien de plus vrai, s’il y eut jamais une vérité démontrée par les circonstances. Ce que vous entendez, vous jureriez le voir, tant il y a d’unité dans les preuves : le manteau de la reine Hermione ; le collier autour du cou de l’enfant ; les lettres d’Antigone trouvées avec elle, et dont l’écriture a été reconnue ; la majesté de sa personne, sa ressemblance avec sa mère ; l’air de noblesse par lequel la nature l’élève au-dessus de son apparente condition, et toutes les évidences proclament, avec une entière certitude, qu’elle est la fille du roi Léonte… Avez-vous assisté à l’entrevue des deux rois ?

DEUXIÈME GENTILHOMME.

Non.