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LE CONTE D’HIVER.
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je vais au-devant de votre père ; — puisque vos désirs ne franchissent pas l’honneur, — je suis leur ami et le vôtre. Suivez-moi donc, — et observez-moi à l’œuvre. Venez, mon cher seigneur.
Tous sortent.

SCÈNE XIII.
[La Sicile. Aux abords du palais.]
Entrent Autolycus et un gentilhomme.
AUTOLYCUS.

Monsieur, dites-moi, étiez-vous présent à cette révélation.

LE GENTILHOMME.

J’étais là à l’ouverture du paquet, et j’ai entendu le vieux berger raconter la manière dont il l’avait trouvé : sur quoi, après un instant de stupéfaction, on nous a commandé à tous de quitter la salle ; seulement il m’a semblé entendre dire au berger qu’il avait trouvé l’enfant.

AUTOLYCUS.

Je serais bien heureux de savoir l’issue de tout cela.

LE GENTILHOMME.

Je vous ai fait un récit décousu de l’affaire. Mais c’étaient les changements que je remarquais chez le roi et chez Camillo qui provoquaient surtout l’étonnement. Ils semblaient, à force de se regarder l’un l’autre, s’arracher les yeux ; il y avait des paroles dans leur mutisme, un langage dans leurs gestes même ; on eût dit, à les voir, qu’ils avaient reçu la nouvelle d’un monde racheté ou d’un monde détruit. Une évidente surprise se remarquait en eux ; mais le plus habile spectateur, à en juger seule-