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SCÈNE XII.
dirigés ici, — pour exécuter l’ordre que m’avait donné mon père, — de visiter votre altesse. — J’ai renvoyé de vos côtes la meilleure partie de mes gens ; — ils retournent en Bohême pour y annoncer — mon succès en Libye, sire, — ainsi que mon heureuse arrivée et celle de ma femme — au pays où nous sommes.
LÉONTE.

Que les dieux bienheureux — purgent notre atmosphère de tous miasmes, tandis que vous — resterez dans ces climats ! vous avez pour père un saint homme, — un gracieux seigneur, envers qui, — toute sacrée qu’est sa personne, j’ai commis un péché ; — pour m’en punir, les cieux irrités — m’ont laissé sans enfant ; tandis que lui, par une bénédiction — qu’il a méritée du ciel, il a eu en vous un fils — digne de ses vertus. Quel bonheur pour moi, — si je pouvais en ce moment contempler un fils et une fille, — aussi beaux que vous deux !

Entre un seigneur.
LE SEIGNEUR.

Très-noble sire, — ce que je vais annoncer passerait toute croyance, — si la preuve n’en était pas si proche. Permettez, illustre sire : — le roi de Bohême me charge de vous saluer, — et demande que vous fassiez arrêter son fils qui, — au mépris de son rang et de ses devoirs, — s’est dérobé à son père et à son avenir, en compagnie — de la fille d’un berger.

LÉONTE.

Où est le roi de Bohême ? parle !

LE SEIGNEUR.

— Ici, dans la ville. Je le quitte à l’instant. — Je parle avec un désordre que justifient — ma surprise et mon message. Tandis qu’il marchait en hâte — vers votre