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LE CONTE D’HIVER.

FLORIZEL.

C’est d’après son commandement — que j’ai abordé ici en Sicile, et je vous apporte — de sa part tous les compliments qu’un roi ami — peut envoyer à son frère ; si l’infirmité, — qui accompagne l’âge, n’avait quelque peu diminué — les forces nécessaires à son désir, il aurait lui-même — traversé les terres et les mers qui séparent son trône du vôtre, — rien que pour vous voir ; vous qu’il aime, — il m’a chargé de vous le dire, plus que tous les sceptres, — et que tous ceux qui les portent !

LÉONTE.

Ô mon frère ! — bon gentilhomme ! les torts que j’ai eus envers toi agitent — de nouveau ma conscience ; et tes procédés, — si exceptionnellement bienveillants, sont comme les accusateurs — de ma négligence prolongée !… Soyez le bienvenu ici — autant que l’est le printemps à la terre !

Désignant Perdita.

Léonte a-t-il donc aussi — exposé cette merveille aux dangereux, — ou tout au moins aux incivils traitements du redoutable Neptune, — pour venir saluer un homme qui ne vaut pas qu’elle se donne tant de peines, encore moins — qu’elle expose pour lui sa personne ?

FLORIZEL.

Mon bon seigneur, — elle arrive de la Libye.

LÉONTE.

Où le belliqueux Smalus, — ce noble et illustre seigneur, est craint et aimé ?

FLORIZEL.

— C’est de ses États, sire, que nous venons ; nous l’avons quitté, — proclamant par ses larmes qu’elle était bien sa fille, celle dont il se séparait ! C’est de là — que, secondés par un bon vent du sud, nous nous sommes