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LE CONTE D’HIVER.

LE CLOWN.

Je souhaite de tout cœur qu’il soit au palais.

AUTOLYCUS.

Bien que je ne sois pas naturellement honnête, je puis quelquefois l’être par hasard… Rentrons en poche mon excroissance de colporteur.

Il enlève sa fausse barbe, puis s’avance vers les deux bergers.

Eh bien ! rustres, où allez-vous ainsi ?

LE BERGER.

Au palais, ne déplaise à votre révérence.

AUTOLYCUS.

Vous avez là des affaires ? Lesquelles ? avec qui ? que contient ce paquet ? le lieu de votre demeure ? votre nom ? votre âge ? votre avoir ? votre condition ? Tout ce qu’il importe de savoir sur vous, déclarez-le !

LE CLOWN.

Nous sommes des gens fort doux, seigneur.

AUTOLYCUS.

Un mensonge ! vous êtes rudes et poilus ! Je ne veux pas qu’on me mente. Le mensonge, c’est bon pour les marchands qui trop souvent nous trompent, nous autres hommes de guerre. Et nous, ce n’est pas avec une pointe d’acier, mais en argent monnoyé que nous les payons ! Aucun danger qu’ils nous donnent même un démenti pour rien !

LE CLOWN.

Votre révérence allait nous en donner un, si elle ne s’était pas fort poliment reprise.

LE BERGER.

Ne vous déplaise, seigneur, êtes vous de la cour ?

AUTOLYCUS.

Qu’il m’en déplaise ou non, je suis un courtisan. Ne vois-tu pas un air de cour dans ces plis ? Mon pas n’a-t-il pas une mesure de cour ? Ton nez ne perçoit-il pas une