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LE CONTE D’HIVER.
Sicile que — j’ai un désir tout féminin de revoir.
FLORIZEL.

Que la fortune nous seconde ! — Ainsi, Camillo, nous nous dirigeons vers le rivage.

CAMILLO.

— Le plus vite sera le mieux, —

Florizel, Perdita et Camillo sortent.
AUTOLYCUS.

Je comprends l’affaire, je l’entends : avoir l’oreille ouverte, l’œil vif et la main leste, est chose nécessaire pour un coupe-bourse ; un bon nez est également requis pour flairer de la besogne aux autres sens. Ce temps-ci est, je le vois, celui où l’homme déshonnête prospère.

Observant ses habits.

Quel beau marché je faisais déjà sans le pot de vin !…

Pesant la bourse.

Et quel beau pot de vin j’ai là par-dessus le marché !… Pour sûr, les dieux sont cette année de connivence avec nous, et nous pouvons nous attendre à toutes les surprises. Le prince lui-même est occupé d’une œuvre d’iniquité : il se dérobe de chez son père, en traînant sa chaîne sur ses talons. Si je ne croyais pas que c’est un acte honnête d’en informer le roi, je le ferais sur-le-champ : mais je trouve plus de coquinerie à cacher la chose, et en cela je suis fidèle à ma profession…

Entrent le Clown et le Berger.

Rangeons-nous, rangeons-nous ! Voici encore de la besogne pour une cervelle active. Il n’est pas de ruelle, de boutique, d’église, de session et de pendaison qui ne donne du travail à l’homme industrieux.

LE CLOWN, au berger.

Voyez, voyez, quel homme vous êtes à présent ! Il n’y