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SCÈNE XI.

POLIXÈNE.

— Voilà la plus jolie fillette qui ait jamais couru — sur le vert gazon. Tous ses gestes et toutes ses allures — sentent je ne sais quoi de plus grand qu’elle-même. — et de trop noble pour ces lieux.

CAMILLO.

Il lui dit quelque chose — qui met son sang aux aguets. En vérité, elle est — la reine du laitage et de la crème.

LE CLOWN, empoignant Mopsa.

Allons ! la musique !

DORCAS, à part, observant le clown.

— Si c’est Mopsa qui est ta préférée, morbleu, prends de l’ail — pour corriger ses baisers.

MOPSA.

Allons, en mesure !

LE CLOWN.

— Plus un mot ! plus un mot ! Nous sommes en position. — En avant, la musique !

Danse de bergers et bergères, à laquelle tous prennent part, excepté le vieux berger, Polixène et Camillo.
POLYXÈNE, au vieux berger.

— Dites-moi, bon berger, quel est ce beau pâtre — qui danse avec votre fille ?

LE BERGER.

— On le nomme Doriclès ; et il se vante — d’avoir un beau pâturage ; je ne le tiens — que de lui, mais je le crois : — il a l’air de la sincérité. Il dit qu’il aime ma fille, — et je le pense aussi ; car jamais la lune ne s’est mirée — dans l’eau aussi complaisamment qu’il reste à lire, — pour ainsi parler, dans les yeux de ma fille : à vrai dire, — je crois qu’il n’y a pas un demi-baiser de différence — entre leurs deux amours.