Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/408

Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
LE CONTE D’HIVER.

LE CLOWN.

En effet, ce doit être un piéton, à en juger par les vêtements qu’il t’a laissés ; si c’est l’habit d’un cavalier, il faut qu’il ait vu bien du service. Donne-moi la main, je t’aiderai ; allons, donne-moi la main.

Il l’aide à se relever.
AUTOLYCUS.

Oh ! bon monsieur, délicatement !… Oh !

LE CLOWN.

Hélas ! pauvre âme !

AUTOLYCUS, se laissant aller.

Oh ! bon monsieur, doucement, bon monsieur. Je crains d’avoir l’omoplate disloquée.

LE CLOWN, le retenant.

Comment ? ne peux-tu pas te tenir ?

AUTOLYCUS.

Doucement, cher monsieur.

Il fouille la poche du clown.

Mon bon monsieur, doucement ! vous m’avez rendu là un charitable service.

LE CLOWN.

As-tu besoin d’argent ? J’ai un peu d’argent pour toi.

AUTOLYCUS.

Non, mon doux monsieur ! non je vous conjure !… J’ai à moins de trois quarts de milles d’ici un parent chez qui j’allais ; j’aurai là de l’argent et tout ce qu’il me faut. Ne m’offrez pas d’argent, je vous prie ; cela me fend le cœur.

LE CLOWN.

Quelle est l’espèce de drôle qui vous a volé ?

AUTOLYCUS.

Un drôle, monsieur, que j’ai vu colporter partout des trou-madames. Je l’ai vu jadis au service du prince. Je ne puis dire, mon bon monsieur, pour laquelle de ses