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SCÈNE X.

chanteurs, mais la plupart dans le médium et dans la basse ; parmi eux pourtant il y a un puritain qui chante des psaumes sur la cornemuse. Il faut que j’aie du safran pour colorer les tartes de poires. Du macis, des dattes, point : ce n’est pas sur la note. Muscades, sept ; une racine ou deux de gingembre… Mais ça, je puis le demander. Quatre livres de pruneaux et autant de raisins secs…

AUTOLYCUS, se traînant à terre.

Oh ! pourquoi suis-je né !

LE CLOWN, se précipitant vers lui.

Au nom du ciel !…

AUTOLYCUS.

Oh ! à mon secours ! à mon secours ! Ôtez-moi seulement ces guenilles ; et alors, la mort ! la mort !

LE CLOWN.

Hélas ! pauvre âme ! Au lieu de t’ôter ces guenilles-là, tu aurais plutôt besoin qu’on t’en donnât d’autres pour te couvrir.

AUTOLYCUS.

Oh ! Monsieur, le dégoût qu’elles me causent me fait plus de mal que les coups d’étrivières que j’ai reçus ; et pourtant j’en ai reçu de rudes, et par millions.

LE CLOWN.

Hélas ! pauvre homme ! un million de coups peuvent produire un résultat grave.

AUTOLYCUS.

Je suis volé, monsieur, et battu ; mon argent et mes habits m’ont été enlevés, et ces horribles choses, mises sur moi.

LE CLOWN.

Est-ce par un cavalier ou par un piéton ?

AUTOLYCUS.

Un piéton ! mon doux monsieur, un piéton !