Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/389

Cette page a été validée par deux contributeurs.
385
SCÈNE VII.
Ne pas l’avoir fait eût été, de ma part, je le crois, — désobéissance envers vous, — et ingratitude envers votre ami d’enfance, dont l’affection, — du jour où elle avait pu parler, s’était spontanément — déclarée toute à vous. Quant à la conspiration, — j’en ignore même l’avant goût, bien qu’elle ait été accommodée — pour m’être servie ; tout ce que j’en sais, — c’est que Camillo était un honnête homme. — Mais, pourquoi il a quitté la cour, c’est ce que les dieux eux-mêmes — ignorent, s’ils n’en savent pas plus que moi.
LÉONTE.

— Vous saviez son départ, comme vous savez — ce que vous deviez entreprendre en son absence.

HERMIONE.

Seigneur, — vous parlez un langage que je ne comprends pas ; — ma vie est sous le coup de vos visions, — et j’en fais l’abandon.

LEONTE.

Ce sont vos actes qui sont mes visions : — c’est parce que vous avez eu de Polixène un enfant bâtard, — que je l’ai rêvé ! De même que vous avez perdu toute honte, — (chacune de vos pareilles est dans ce cas), vous avez perdu toute franchise ; — mais ce sont des dénégations trop intéressées pour être efficaces… — Sache-le ! — Si ton marmot, abandonné à lui-même, a été jeté dehors, — n’ayant pas de père qui le reconnût, c’est encore plus — ta faute que la sienne. Attends-toi donc aussi à subir notre justice, et la moindre satisfaction — qu’elle exige, c’est la mort.

HERMIONE.

Seigneur, épargnez vos menaces ! — Cet épouvantail dont vous voulez m’effrayer, je le cherche. — Pour moi la vie ne peut plus être un bien. — La couronne, la joie de ma vie, votre faveur, — je la considère comme