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SCÈNE V.
jaunes reflets de la jalousie, de peur qu’à son exemple, elle ne soupçonne — ses enfants de ne pas être de son mari !
LÉONTE.

Stryge grossière !…

À Antigone.

— Tu mériterais d’être pendu, toi, idiot, — qui ne veux pas arrêter sa langue.

ANTIGONE.

Faites pendre tous les maris — qui ne peuvent accomplir cet exploit-là, et c’est à peine s’il vous restera — un sujet.

LÉONTE, aux seigneurs.

Encore une fois, emmenez-la.

PAULINE.

— Le mari le plus indigne et le plus dénaturé — ne ferait pas pis.

LÉONTE.

Je te ferai brûler.

PAULINE.

Que m’importe ! — L’hérétique, c’est celui qui fera le feu, — et non celle qui y brûlerai… Je ne veux pas vous appeler tyran ; — mais traiter si cruellement la reine, — sans produire contre elle d’autre accusation — qu’une fantaisie ne reposant sur rien, cela sent — la tyrannie, et cela suffit pour faire de vous l’opprobre — et le scandale du monde.

LÉONTE, aux seigneurs.

Au nom de votre allégeance, — jetez-la hors de la chambre. Si j’étais un tyran, — où serait sa vie ? Elle n’oserait pas m’appeler tyran, — si elle me savait tel. Qu’on l’emmène !

Les courtisans s’approchent d’elle.