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SCÈNE III.
apprenez — que nous n’avons plus besoin de vos avis ; ce procès, — la perte, le gain, la décision à prendre, n’intéressent — personnellement que nous.
ANTIGONE.

Ce que je désirerais, mon suzerain, — c’est que vous l’eussiez instruit dans le silence de votre jugement, — sans plus de publicité.

LÉONTE.

Comment cela se pourrait-il ? — Ou tu es devenu inepte avec l’âge, — ou tu es né imbécile. La fuite de Camillo — a ajouté à l’évidence de leur familiarité, — d’ailleurs aussi palpable que peut l’être, pour la conjecture, — une chose à qui il ne manque que d’être vue, non pas pour être prouvée, — mais pour être confirmée, tant les autres circonstances — sont unanimes ! Voilà pourquoi j’ai brusqué ces poursuites. — Cependant, pour augmenter la certitude — (car, dans une action de cette importance, il serait — déplorable d’aller trop vite), j’ai dépêché en toute hâte — à la ville sacrée de Delphes, au temple d’Apollon, — Cléomène et Dion, dont vous connaissez — l’ample capacité. Ainsi, c’est de l’oracle — qu’ils rapporteront la décision suprême : ses divins conseils — m’arrêteront ou m’éperonneront. Ai-je bien fait ?

PREMIER SEIGNEUR.

Très-bien fait, monseigneur.

LÉONTE.

— Quoique je sois convaincu et n’aie pas besoin — d’en savoir davantage, l’oracle — mettra en repos les esprits, comme le vôtre, — dont la crédulité ignorante ne veut pas — se rendre à la vérité. Sur ce, nous avons trouvé bon — de l’enfermer loin de notre libre personne — de peur que l’évasion des deux traîtres — ne soit pour elle un dernier exemple. Venez, suivez-nous ; —