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SCÈNE III.

MAMILIUS.

— Il y avait une fois un homme…

HERMIONE.

Mais venez donc vous asseoir ; maintenant, continuez.

MAMILIUS.

— Qui demeurait près d’un cimetière… Je vais conter ça tout doucement ; — je ne veux pas que les grillons là-bas m’entendent.

HERMIONE.

Approchez-vous, alors, — et dites-moi ça à l’oreille.

Entrent Léonte, Antigone, des Seigneurs, puis des Gardes.
LÉONTE.

— On l’a rencontré là, lui et sa suite ! et Camillo avec lui !

PREMIER SEIGNEUR.

— Je les ai rencontrés derrière le taillis de pins : jamais — je n’ai vu des gens balayer si vite leur chemin. Je les ai suivis des yeux — jusqu’à leurs vaisseaux.

LÉONTE.

Que j’étais bien inspiré — dans ma juste censure, dans mes équitables soupçons ! — Hélas ! si j’avais pu n’en pas tant savoir !… Combien je suis maudit — d’avoir été si bien inspiré !… Il peut y avoir — une araignée au fond de la coupe, un homme peut y boire et retirer ses lèvres — sans avoir pris aucun venin ; car son imagination — n’est pas infectée ; mais qu’on présente — à ses yeux l’horrible ingrédient et qu’on lui apprenne — dans quoi il a bu, vite il crache sa gorge et ses flancs — par de violents efforts… Moi, j’ai bu et vu l’araignée (27). — Camillo lui a servi d’agent, d’entremetteur ! — Il y a un complot contre ma vie, ma couronne ! — Toutes mes méfiances étaient vraies ! Ce misérable fourbe, — que j’employais, était déjà employé par lui : — il lui a révélé