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SCÈNE II.

CAMILLO.

Par le roi.

POLIXÈNE.

Pourquoi ?

CAMILLO.

— Il croit, que dis-je ? il jure avec autant de confiance que s’il l’avait vu ou avait servi d’agent — pour vous débaucher, que vous avez touché la reine criminellement.

POLIXÈNE.

Oh ! si cela est, que mon sang le plus pur tourne — en gelée infecte ; et que mon nom — soit accouplé au nom de celui qui trahit le Juste ! — Que ma plus vivace renommée répande — une odeur qui fasse frémir les narines les plus grossières — partout ou j’arriverai ! Que mon approche soit évitée, — oui, et maudite plus que la plus grande peste — connue par la tradition ou par l’histoire !

CAMILLO.

Vous auriez beau lui jurer le contraire — par chacun des astres du ciel et — par toutes leurs influences ; autant vaudrait — interdire à la mer d’obéir à la lune — que de vouloir détruire, par des serments, ou ébranler, par des conseils, — l’édifice de sa folie, dont les fondations — sont appuyées sur sa croyance et dureront — tant que son corps sera debout.

POLIXÈNE.

Comment cette idée s’est-elle formée ?

CAMILLO.

— Je ne sais pas : ce que j’affirme, c’est qu’il est plus prudent — de se mettre en garde contre elle que de rechercher comment elle est née. — Si donc vous ne craignez pas de vous fier à ma probité, — enfermée pour jamais dans ce coffre que vous — emmènerez en gage,