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SCÈNE XI.

BÉNÉDICT.

Ah ! pas pour le monde entier !

BÉATRICE.

Vous me tuez par ce refus. Adieu.

BÉNÉDICT.

Arrête, ma douce Béatrice !

BÉATRICE.

J’ai beau être ici, je suis déjà partie… Il n’y a pas d’amour en vous… Voyons, je vous en prie, laissez-moi partir.

BÉNÉDICT.

Béatrice !

BÉATRICE.

En vérité, je veux partir.

BÉNÉDICT.

Soyons amis d’abord.

BÉATRICE.

L’audace vous est plus facile pour être mon ami que pour vous battre avec mon ennemi.

BÉNÉDICT.

Est-ce que Claudio est ton ennemi ?

BÉATRICE.

N’a-t-il pas prouvé qu’il est le plus grand des scélérats, celui qui a calomnié, insulté, déshonoré ma parente ?… Oh ! si j’étais un homme !… Quoi ! lui offrir la main jusqu’au moment où les mains vont se joindre, et alors surgir avec une accusation publique, avec un scandale éclatant, avec une rancune effrénée !… Mon Dieu, si j’étais un homme, je lui mangerais le cœur sur la place du marché !

BÉNÉDICT.

Écoute-moi, Béatrice…

BÉATRICE.

Elle, parler avec un homme à sa fenêtre ! La belle histoire !