Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.
283
SCÈNE IX.

Entre Béatrice.
HÉRO.

Bonjour, ma petite cousine.

BÉATRICE.

Bonjour, ma douce Héro.

HÉRO.

Eh bien ! qu’avez-vous donc ? Vous parlez d’un ton douloureux.

BÉATRICE.

C’est que je suis hors de tous les autres, il me semble.

MARGUERITE.

Entonnez l’air de Léger amour (23). Il n’a pas besoin de refrain. Chantez-le, vous ; moi, je le danserai.

BÉATRICE, à Marguerite.

Vous joueriez des talons, ainsi accompagnée ? Prenez garde ! Quand on s’aime sur ce chant-là, on est sûr d’une récolte.

MARGUERITE.

Ô la méchante interprétation ! Je la mets sous mes talons,

BÉATRICE.

Il est près de cinq heures, cousine ; vous devriez déjà être prête… En vérité, je suis excessivement malade. Oh !

MARGUERITE.

À qui adressez-vous ce soupir ? Au médecin ou au mari ?

BÉATRICE.

À la lettre qui commence ces deux mots, la lettre : Aime.

MARGUERITE.

Allons ! s’il n’est pas vrai que vous avez abjuré, il ne faut plus naviguer sur la foi des étoiles.