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SCÈNE VII.

LÉONATO.

Ce n’est rien qu’un peu d’humeur, ou un ver.

BÉNÉDICT.

À votre aise. Tout le monde peut maîtriser une douleur, excepté celui qui l’a.

CLAUDIO.

Mais je dis, moi, qu’il est amoureux.

DON PEDRO.

Il n’y a pas en lui apparence de passion, à moins que ce ne soit une passion pour les déguisements étrangers : par exemple, il est Hollandais aujourd’hui ; demain, il sera Français, ou bien, portant à la fois le costume de deux pays, il sera Allemand au-dessous de la ceinture, par les longues culottes, et Espagnol au-dessus de la hanche par le petit pourpoint. À moins que ce ne soit la passion qu’il paraît avoir pour ces folies, il n’a pas de passion folle, comme vous voulez le croire.

CLAUDIO.

S’il n’est pas amoureux de quelque femme, il ne faut plus se fier aux vieux signes. Il brosse son chapeau tous les matins : qu’est-ce que cela annonce ?

DON PEDRO.

Quelqu’un l’a-t-il vu chez le barbier ?

CLAUDIO.

Non, mais le garçon du barbier a été vu chez lui, et l’antique ornement de sa joue a déjà rembourré les balles du jeu de paume.

LÉONATO.

C’est vrai, la perte de sa barbe lui donne l’air plus jeune.

DON PEDRO.

Ajoutez qu’il se frotte de musc : cela peut-il vous mettre sur la piste ?