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SCÈNE XIV.

NESTOR.

Ah ! — par cette barbe blanche, je me battrais avec toi dès demain. — Allons, bienvenu ! bienvenu ! j’ai fait mon temps.

ULYSSE, à Hector.

— Je m’étonne que cette cité là-bas soit encore debout, — quand nous avons ici sa base et sa colonne.

HECTOR.

— Je reconnais bien votre mine, seigneur Ulysse. — Ah ! messire, il est mort bien des Grecs et des Troyens — depuis que pour la première fois je vous ai vus, vous et Diomède, — en ambassade dans Ilion.

ULYSSE.

— Seigneur, je vous prédis alors ce qui arriverait. — Ma prophétie n’est encore qu’à moitié chemin. — Car ces murs là-bas, qui font à votre ville ce front insolent, — ces tours, dont le sommet impudent caresse les nuages, — doivent inévitablement baiser leurs propres pieds.

HECTOR.

Rien ne m’oblige à vous croire. — Nos remparts sont encore debout ; et je pense modestement — que la chute de chaque pierre phrygienne coûtera — une goutte de sang grec. C’est la fin qui couronne tout ; — et c’est ce vieil arbitre ordinaire, le Temps, qui doit un jour finir l’affaire.

ULYSSE.

Aussi, laissons-la-lui. — Très-noble et très-vaillant Hector, soyez le bienvenu. — Après le général, daignez m’honorer — de votre seconde visite en étant mon convive.

ACHILLE.

— Je passerai avant toi, seigneur Ulysse… — Je viens, Hector, de rassasier mes yeux de toi ; — je t’ai étudié,