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SCÈNE XIV.

AGAMEMNON.

Ses coups sont bien ajustés… Là, Ajax !

DIOMÈDE, aux combattants.

— C’est assez !

ÉNÉE.

Princes, arrêtez, s’il vous plaît !

AJAX.

— Je n’ai pas encore chaud, recommençons.

DIOMÈDE.

— Comme Hector voudra.

HECTOR.

Eh bien, je veux en rester là.

À Ajax.

— Noble seigneur, tu es fils de la sœur de mon père, — et cousin-germain des enfants du grand Priam. — Les liens du sang empêchent — entre nous deux toute émulation sanglante. — Si tu étais ainsi mêlé de race grecque et de race troyenne — que tu pusses dire : « Grecque est cette main, — et troyenne celle-ci ; dans cette jambe les nerfs — sont grecs, et celle-ci est toute de Troie ; le sang de ma mère — coule dans ma joue droite, et ma joue gauche — contient celui de mon père ; » alors, par Jupiter omnipotent, — je jure que tu ne remporterais pas un membre grec — où mon épée n’eût pas laissé la marque — de notre haine acharnée. Mais les dieux justes ne veulent pas — qu’une seule goutte du sang que tu tiens de ta mère, — de ma tante sacrée, soit répandue — par mon épée homicide ! Laisse-moi t’embrasser, Ajax. — Par le dieu tonnant, tu as des bras vigoureux, — et c’est ainsi qu’Hector veut les sentir sur lui. — Cousin, honneur à toi !

Ils s’embrassent.
AJAX.

Je te remercie, Hector ; — tu es trop noble et trop gé-