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TROYLUS ET CRESSIDA.
les conditions comme vous l’entendrez, — soit pour une lutte à outrance, — soit pour une passe d’armes : la parenté des combattants — les a à demi désarmés avant qu’ils en viennent aux coups.
Ajax et Hector entrent dans la lice.
ULYSSE.

— Les voilà déjà face à face.

AGAMEMNON.

— Quel est ce Troyen qui a l’air si accablé ?

ULYSSE.

— C’est le plus jeune fils de Priam : un vrai chevalier, — pas encore mûr, mais déjà sans égal ; ferme de langage, — éloquent en action et inactif en parole ; — difficile à provoquer, mais une fois provoqué, difficile à calmer ; — ouvrant généreusement son cœur et sa main ; — donnant ce qu’il a ; montrant ce qu’il pense ; — mais ne donnant pas sans que le discernement guide sa bienfaisance, — et n’honorant jamais d’une expression une pensée qui en est indigne ; — aussi brave qu’Hector, mais plus dangereux, — car Hector peut, quand sa fureur étincelle, céder à — de tendres sentiments, mais lui, dans la chaleur de l’action, — il est plus vindicatif que l’amour jaloux. — On l’appelle Troylus, et sur lui Troie fonde — une seconde espérance, aussi solidement que sur Hector. — C’est ce que dit Énée, lui qui connaît le jeune homme — à fond, et qui en confidence — me l’a peint ainsi dans le palais d’Ilion.

Fanfare. Hector et Ajax combattent.
AGAMEMNON.

— Ils sont aux prises.

NESTOR.

— Allons, Ajax, tiens ferme.

TROYLUS.

Hector, tu dors ; — réveille-toi.