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SCÈNE VI.
douce composition ; — loue celui qui t’a engendré, celle qui t’a donné le sein. — Renommé soit ton précepteur ! Mais gloire à tes talents naturels — plus qu’à toute érudition ! — Quant à celui qui a exercé ton bras à la lutte, — que Mars partage en deux l’éternité — et lui en donne la moitié ! Et quant à ta vigueur, — que le porte-taureau Milon cède son épithète — au robuste Ajax ! Je ne veux pas louer ta sagesse — qui, comme une borne, un pieu, une grève, restreint — dans leur dilatation tes spacieuses qualités. Voici Nestor, — instruit par cet antiquaire, le Temps ! — Il doit être, il est, il ne peut qu’être sage, — Mais, pardonnez-moi de vous le dire, père Nestor, si vous aviez — la verdeur d’Ajax et un cerveau de la même trempe, — vous ne lui seriez pas supérieur, — tout au plus seriez-vous son égal.
AJAX, à Ulysse.

Vous appellerai-je mon père ?

ULYSSE.

— Certainement, mon bon fils.

DIOMÈDE.

Laissez-vous guider par lui, Ajax.

ULYSSE.

— Il est inutile de rester ici : le cerf Achille — ne veut pas sortir du hallier. Qu’il plaise à notre grand général — de rassembler tout son conseil de guerre. — De nouveaux rois sont arrivés à Troie. Demain, — il faut que toutes nos forces soient sur pied.

Montrant Ajax.

— Voici le maître ! Que tous les chevaliers, de l’Orient à l’Occident, se présentent — et choisissent la fleur d’entre eux ; Ajax tiendra tête au meilleur.

AGAMEMNON.

— Allons au conseil, et laissons Achille dormir. — Les