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TROYLUS ET CRESSIDA.
agent, celui-ci ne peut plus aller en guerre ; — nous préférons un nain qui bouge — à un géant qui dort. Répétez-lui cela.
PATROCLE.

— Je vais le faire, et vous rapporter immédiatement sa réponse.

Il entre dans la tente.
AGAMEMNON.

— Nous ne nous satisferons pas d’un interprète, — nous venons pour lui parler à lui-même… Ulysse, entrez, vous. —

Ulysse entre dans la tente.
AJAX.

Qu’est-il donc de plus qu’un autre ?

AGAMEMNON.

Il n’est certes pas plus qu’il ne croit être.

AJAX.

Est-il même autant ? Ne croyez-vous pas qu’il se regarde comme supérieur à moi ?

AGAMEMNON.

Sans doute.

AJAX.

Et vous, souscrivez-vous à son opinion et pensez-vous qu’il m’est supérieur ?

AGAMEMNON.

Non, noble Ajax ; vous êtes aussi fort que lui, aussi vaillant, aussi sage, non moins noble, beaucoup plus courtois et infiniment plus traitable.

AJAX.

Comment un homme peut-il être orgueilleux ? D’où vient l’orgueil ? Je ne sais pas ce que c’est que l’orgueil.

AGAMEMNON.

Votre esprit n’en est que plus lucide, Ajax, et vos vertus n’en sont que plus belles. L’orgueilleux se dévore lui-